L’école pour les enfants réfugiés avec INSAN

INSAN est une association qui vient en aide aux enfants de réfugiés et de migrants au Liban. Grâce à son école, les enfants vulnérables bénéficient d’une éducation adaptée à leur besoin. Cet établissement singulier nous a ouvert ses portes.

43162261_1983675641676168_5262117338907410432_n

INSAN a été créé en 1998 par un groupe d’activistes proches d’Amnesty International au Liban. « Au début, INSAN vient d’une idée folle. Avec la guerre au Liban, les droits de l’Homme étaient oubliés. Aujourd’hui encore, on poursuit le même but : l’accès pour tous aux droits à l’éducation, à la protection, sur les champs social et psychologique », explique Maria Salmé, coordinatrice générale de l’association.

43085195_2163344480655657_1401921267224805376_n

INSAN organise des écoles d’été pour les enfants de réfugiés qui n’ont pas accès à l’éducation en raison de leur situation irrégulière. Randa Dirani, directrice des relations publiques, met en lumière les difficultés d’accès à l’éducation pour cette population. « Au Liban, au fil des guerres successives, il y a beaucoup de jeunes réfugiés qui se situent en dehors du système scolaire libanais. Les enfants sont venus avec leurs parents réfugiés, de passage au Liban en attendant un pays d’accueil stable et permanent. Nous avons pensé que l’école d’été ne devait jamais s’arrêter et même évoluer ».

IMG_0107

IMG_0103

En 2004, l’association décide de créer une école permanente à l’année pour les enfants réfugiés âgés de 3 à 17 ans. L’association créé un programme spécial de remise à niveau allant de 1 à 3 ans selon la capacité et l’âge des enfants. Par la suite, le but est d’intégrer les écoles libanaises. Chaque année, entre 50 et 70 enfants bénéficient de cette éducation adaptée, dans des petites classes pour un suivi personnalisé.

43065972_166649227605345_3335884769337540608_n

 

Les enfants étudient l’anglais, l’arabe et le français. Ils chantent avec joie des chansons dans ces trois langues. Ils bénéficient d’une éducation complète en étudiant en parallèle les mathématiques, les sciences et l’informatique. Pour pouvoir s’exprimer, ils font des activités artistiques et sportives. Leurs œuvres sont d’ailleurs accrochées partout dans les locaux d’INSAN. « On leur fait sentir qu’ils sont dans une vraie école, comme tous les enfants du monde », soutient Mme Salmé.

43119271_2048328508831379_8496445270068822016_n

IMG_0244

La protection et l’accompagnement des enfants sont au centre des préoccupations de l’ONG. INSAN possède un foyer pour les enfants à risques, un refuge temporaire lorsque qu’ils n’ont plus de parents qui peuvent s’occuper d’eux. Les services de protection d’INSAN proposent une aide d’assistance sociale, psychologique et juridique pour les enfants et les parents. « Une équipe de l’association se rend trois fois par semaine dans cinq camps de réfugiés syriens dans la Bekaa. Ils font du porte à porte pour connaître leurs besoins et proposer une aide psychologique et sociale pour les réfugiés. Nous travaillons avec les enfants mais aussi avec les jeunes filles pour lutter contre le mariage forcé, la violence et les inégalités de genre », explique la coordinatrice générale.

 

Lien vers l’article pour Le Petit Journal Beyrouth.

KAFA contre la violence et l’exploitation des femmes au Liban

L’association en faveur du droit des femmes essaye de changer les mentalités et les lois tout en apportant un soutien aux victimes de violence.
Créée en 2005 par un groupe de militantes, KAFA “a choisi de travailler sur la question de la traite et du trafic de l’exploitation sexuelle, ainsi que sur le travail domestique forcé”, explique Ghada Jabbour co-fondatrice de l’association.

IMG_0078

“En 2005, aucune loi ne protégeait les femmes et les enfants de la violence domestique.” Après des années de combats et avec le concours de 63 associations, KAFA soumet au gouvernement une proposition de loi finalement promulguée en 2014. “Cette loi sur la violence familiale est un des grands succès de la lutte pour les droits des femmes depuis le droit de vote en 1952”, se réjouit Mme Jabbour. Mais il reste encore des combats à mener pour enrayer ce type de violence. Par exemple, au Liban, le viol conjugal n’est pas criminalisé et il n’existe aucun refuge d’état pour les femmes victimes de violences.
KAFA essaye de changer les mentalités avec des campagnes publicitaires et des formations. L’organisation travaille avec la police pour former les agents aux interventions auprès des victimes de violence ou de trafic sexuel. “KAFA a un centre d’écoute qui offre un soutien légal. On reçoit des milliers d’appels par an de femmes qui veulent être protégées ou avoir accès à des informations. Pour les femmes victimes de traite sexuelle ou de travail domestique forcé, nous avons un refuge”, explique Ghada Jabbour.
KAFA se bat aussi pour la protection des enfants victimes de violence familiale et sexuelle. “L’abus sexuel envers les enfants est un sujet tabou, bien qu’une loi existe pour les protéger”, souligne Mme Jabbour. L’association se concentre sur la prévention en travaillant avec des professeurs, des éducateurs, les parents et les enfants.  L’association intervient aussi contre l’exploitation sexuelle des femmes. Ghada Jabbour dresse un bilan alarmant. “La prostitution est normalisée. On dit que certaines sont des victimes mais la plupart des femmes sont là car elles ont choisi. On travaille pour changer cette vision, pour dire que toute forme de prostitution est une forme de violence”.
L’association lutte pour défendre les droits des travailleuses domestiques. Pour Mme Jabbour, changer les mentalités sur ce sujet est “un travail difficile car il s’agit de femmes étrangères. Personne ne prend en compte leur problème.” Au Liban, il y a environ 250 000 travailleuses domestiques. “Ces femmes sont dans une situation de dépendance vis à vis de leur employeur, leur garant, responsable de son permis de résidence et de travail. Sans lui, elle n’a pas de statut au Liban. Le système de la kafala, c’est être lié au garant et ne pas pouvoir rompre le contrat. Sans ce garant, elle n’est rien. Elle est considérée comme illégale et peut être arrêtée“. La plupart des domestiques vivent dans la maison de l’employeur et n’ont pas d’espaces privées. “Les violations les plus répandues sont le non-paiement des salaires et la confiscation des passeports. Il existe toutes les formes de violence émotionnelles et psychologique. En dernier lieu, la violence physique et sexuelle”, déploré la co-fondatrice de KAFA.

 

Lien vers l’article pour Le Petit Journal Beyrouth.

L’égalité des genres, le combat d’ABAAD

L’association libanaise lutte pour l’égalité, l’autonomisation et la protection des femmes. La singularité de l’ONG est d’associer les hommes dans le combat contre les violences faites aux femmes.
Fondée en juin 2011, ABAAD est une association qui agit en faveur de l’égalité des sexes au Moyen-Orient, et plus particulièrement au Liban. Elle compte 138 employés travaillant sur le territoire libanais.

Anthony Keedi, responsable du pôle masculinité, travaille pour l’ONG depuis le début. “Lorsque ABAAD a été créé, il n’y avait même pas de loi décente pour protéger les victimes de violences domestiques. Il existait une loi selon laquelle quand une femme est violée, son agresseur peut se marier avec et échapper à la condamnation. Cette loi a été abrogée Il y a deux ans, notamment grâce à nos campagnes”.
Au Liban, une femme ne peut pas donner sa nationalité a son mari et ses enfants et souffre de discrimination sur le plan du statut personnel. M. Keedi dresse le bilan de la situation des femmes libanaises. “Quand certains regardent la situation des femmes au Liban, ils disent qu’elles jouissent d’une égalité avec les hommes mais le fait qu’elles ne soient pas forcées de se couvrir ou qu’elles travaillent ne signifie pas qu’il y a égalité. Les femmes sont toujours marginalisées en comparaison des hommes”. ABAAD souhaite promouvoir l’égalité des sexes dans les tous les domaines : social, économique, politique, culturel et éducatif dans la société libanaise.
“Les femmes ne sont pas faibles. On leur répète depuis leur naissance qu’elles doivent être faibles, silencieuses et rester à la maison. Notre travail d’émancipation est de défaire ce type de socialisation et d’idées”, explique M. Keedi.

Pour protéger les femmes et les filles victimes de violences sexistes, l’association a créé huit espaces protégés et sûrs dans tout le pays, allant du Nord au sud en passant par la Bekaa, Beyrouth et le Mont-Liban. Il existe notamment trois maisons d’hébergement d’urgence et sécurisées pour les victimes. Entre 2013 et 2015, l’ONG a accueilli dans ces maisons plus de 317 femmes.
Pour déconstruire ces stéréotypes, ABAAD fait de la prévention auprès des enfants et adolescents. Un bus de l’association parcourt les zones rurales pour discuter avec les enfants, les hommes et les femmes. “Ils parlent du mariage précoce des enfants, des violences envers les femmes et les enfants, ainsi que de la question des femmes et enfants abusés sexuellement”, raconte le responsable.
Une des particularités d’ABAAD est d’avoir un pôle « masculinité » consacré aux hommes. Le but est d’impliquer les hommes pour défendre l’égalité des sexes. Pour combattre la violence des hommes envers les femmes, l’association créée des espaces de discussion pour aider les hommes violents à parler et à changer de comportement. Le responsable du pôle masculinité expose la situation. “Les hommes ont été sociabilisés pour devenir violents, penser qu’ils sont supérieurs et ne pas montrer leurs émotions. Beaucoup d’organisations centrent leur travail sur les femmes mais ne travaillent pas avec les hommes. Il faut engager les hommes et les femmes pour atteindre une égalité des genres. Il faut aider les hommes à comprendre que si les règles dictant la conduite des femmes changent, il doit en être de même pour les hommes.”

 

Lien vers l’article pour Le Petit Journal Beyrouth.

Sana Yazigi : la révolution en Syrie par l’art

La graphiste syrienne a lancé en 2013 le site internet La mémoire créative de la révolution syrienne qui recense et répertorie les œuvres des artistes syriens connus et anonymes depuis le soulèvement populaire en 2011.

Pourquoi avoir lancé ce site ? 
Les premiers mois de la révolution, j’ai été stupéfaite de la quantité de talents artistiques que j’ai pu voir. C’était tout un peuple qui s’exprimait dans les rues, artistes comme citoyens, partout en Syrie. On voyait de tout : danse, chant, caricatures, musique, banderoles… Après de longues années de silence, tout un peuple s’est exprimé car c’était possible. C‘était quelque chose d’extraordinaire. Je ne savais comment documenter tout cela. Dès le départ, j’ai eu l’inquiétude que tout cela soit oublié ou effacé. J’ai commencé à collecter et archiver en 2012 depuis Beyrouth. Aujourd’hui, le site répertorie des centaines d’artistes et plus de 28 000 œuvres.

Quel est le but de votre site ? 
Ecrire notre propre histoire. Tout le monde dit que c’est le vainqueur qui écrit l’Histoire. Nous, on va contre cela. On écrit ce qu’on a fait, comment on a fait et ce qui nous est arrivé avec nos propres mots. On ne peut pas nier ou effacer les témoins qui ont vécu ces évènements. Prouver un crime sans preuve, c’est impossible. Les œuvres sont des preuves pour nous. C’est une cause sur le long terme. Nous ne baisserons pas les bras. Plus on fournit de preuves, plus il est difficile de nier la vérité.

Avant le soulèvement populaire de 2011, les artistes syriens étaient-ils libres ? Qu’en est-il aujourd’hui ? 
Les artistes et intellectuels n’étaient pas libres mais ils trouvaient des moyens de contourner les interdictions. Aucune critique n’était permise. L’art a gagné en popularité après la révolution car c’est une expression libre, directe et représentative. Mais c’est aussi pour cela que le régime a arrêté les intellectuels et les artistes. L’artiste était attendu. Il est devenu très populaire et le régime ne pouvait pas le permettre. Le régime a arrêté, torturé les intellectuels et les créateurs. Le mot ‘liberté’ a été écrit sur les murs de Damas puis effacé par le régime. C’est pour cela qu’il était important de tout documenter.

Les artistes syriens ont-ils peur de la répression ? 
Evidemment. Trois artistes présents en Syrie nous ont demandé de retirer leurs œuvres. En dehors du territoire syrien, le régime ne peut plus atteindre les auteurs. Il y a aussi beaucoup d’œuvres anonymes.

Comment faire vivre la mémoire de la guerre et de la révolution syrienne ? 
Il faut faire vivre la cause syrienne. Ceux qui le peuvent doivent porter un nouveau discours et créer de nouveaux outils pour continuer à faire vivre la cause et la porter dans le monde entier. Dans le futur, on voudrait fonder une institution d’archivage pour la révolution syrienne. On aimerait faire partie des archives nationales car, après la guerre, la révolution doit faire partie de l’histoire de la Syrie.

Parlez-nous d’une œuvre ou d’un artiste qui vous touche particulièrement ? 
Je suis touchée par Abdul Wahab Mulla, un chanteur religieux populaire d’Alep. Il a une voix extraordinaire et fait des chansons tellement fortes. Il a même fait une chanson pour tous les Syriens, pro ou anti-Bachar, qui rappelle que le peuple syrien est uni. Il a une philosophie incroyable et une conscience très forte de la citoyenneté. Il a été arrêté par le régime de Bachar el-Assad, puis par le groupe Etat islamique. Aujourd’hui, il a disparu.

 

Lien vers l’article pour Le Petit Journal Beyrouth

Yalla! pour la scolarité des enfants syriens

Yalla! pour les enfants œuvre dans l’éducation informelle auprès des petits Syriens pour permettre leur intégration au système scolaire libanais. Les enfants ont accès à des activités variées et du soutien psychologique.

IMG_0007

Yalla ! pour les enfants est une association créée en juillet 2013 à l’initiative de ressortissants français. A Aley, une école informelle accueille 150 enfants de réfugiés syriens répartis en quatre niveaux. “Nous avons environ une dizaine de volontaires, libanais et syriens, qui donnent des cours et organisent différentes activités artistiques et sportives », explique Kamal Abdel Khalek, bénévole au sein de l’association.

Après le déclenchement du soulèvement et le début de la guerre en Syrie en 2011, plus d’un million de Syriens se sont réfugiés au Liban. Les enfants, plus vulnérables, sont les premières victimes de ce déplacement forcé. Face à la dégradation de leur condition de vie, leur besoin d’éducation et de soutien psycho-social, de nombreuses ONG comme Yalla! ont été créées. “Les droits des réfugiés syriens sont plus respectés maintenant. Les ONG, qui travaillent sur le droit, la protection et le soutien social des réfugiés syriens, sont soutenues par de nombreux donateurs », souligne M. Abdel Khalek.

IMG_0028

L’objectif de Yalla! est de scolariser le plus grand nombre d’enfants syriens en respectant les principes de laïcité et d’égalité. “Il y avait un manque d’éducation. Les enfants ont passé beaucoup de temps sans avoir suivi de cours. C’est pourquoi Yalla soutient ces enfants dans leur apprentissage”, explique le bénévole.

 

IMG_0019

L’association propose un environnement sécurisé et adapté pour remettre l’enfant à niveau à fin qu’il puisse intégrer le système scolaire libanais. Yalla fait un travail de plaidoyer auprès des autorités libanaises pour permettre l’intégration des enfants réfugiés.  Depuis plus de trois ans, le ministère libanais de l’Education a décidé d’ouvrir les écoles publiques aux enfants syriens l’après-midi.

A l’école d’Aley, les bénévoles enseignent l’arabe, l’anglais, les mathématiques et les sciences. Yalla! a mis en place un soutien psychologique avec des groupes de parole ainsi que des activités artistiques et sportives. Pour favoriser le dialogue intercommunautaire, les enfants syriens partagent avec les enfants libanais des activités comme le théâtre ou la chorale.

 

Lien vers l’article pour Le Petit Journal Beyrouth

La broderie pour l’autonomie des Palestiniennes dans les camps

Tatreez est une association présente dans plusieurs camps palestiniens au Liban. Leur objectif est de promouvoir l’autonomie des femmes palestiniennes grâce au travail de la broderie traditionnelle. A Tripoli, dans le camp de Beddawi, ces femmes parlent de leur travail.

IMG_0396

Tatreez est le nom de l’art de la broderie traditionnelle palestinienne. C’est également le nom du projet fondé en 2013 par l’Union européenne et mis en oeuvre par les ONG libanaise Najdeh et espagnole Cives Mundi. En mai 2016, Tatreez devient une entreprise sociale coordonnée par des volontaires au Liban.

IMG_0446

“Nous sommes cinq bénévoles permanents. On donne de notre temps libre pour valoriser et aider au développement de Tatreez”, explique Sergio Cozar, un bénévole. Le projet est développé dans trois camps palestiniens : Ain el-Héloué à Saida, Rachidiyé à Tyr, au Liban-Sud, et Beddawi à Tripoli, au Liban-Nord. Près de 100 femmes palestiniennes travaillent pour Tatreez dans ces camps. L’apprentissage de la broderie palestinienne se transmet de mère en fille. Cette tradition verbale fait partie de la culture palestinienne.

 

IMG_0319

L’objectif de ce projet est de contribuer à la protection économique des réfugiées palestiniennes au Liban. L’idée est « de valoriser les femmes non seulement économiquement mais aussi politiquement, socialement et psychologiquement », selon Sergio Cozar.

 

Tatreez soutient l’artisanat traditionnel et fait rayonner la broderie palestinienne à l’international. Les sacs, écharpes et châles sont vendus à Tripoli et Beyrouth, mais aussi en Espagne et en France. Ces ventes « permettent aux femmes dans les camps de gagner un peu d’argent », explique le bénévole espagnol. L’entreprise souhaite que les Palestiniennes puissent gagner entre 180 et 300 dollars par mois.

Tatreez développe l’autonomisation des femmes palestiniennes grâce au travail. Les réfugiées reçoivent une formation professionnelle en broderie traditionnelle, en création de design mais aussi en commercialisation nationale et internationale. “Le but est qu’elles apprennent à organiser des réunions et répartir les tâches. A la fin du projet, les femmes pourront créer une coopérative et vendre leur production dans une boutique en ligne”, détaille Sergio Cozar. Grâce à cette autonomie financière, ces réfugiées accèdent aussi à leur indépendance sociale.

IMG_0341

Autre objectif du projet Tatreez, créer un lien social entre les femmes. Dans les camps, les ateliers de Tatreez sont des espaces calmes et sécurisés réservés aux réfugiées. “Dans les ateliers, les femmes travaillent ensemble. Elles sont devenues amies, elles partagent ensemble leurs problèmes, parlent des enfants et des maris. Elles ont un lien fort entre elles », selon M. Cozar.

IMG_0359

Tatreez développe d’autres activités comme des cours d’anglais ou d’informatique. L’association organise également des sorties dans la réserves des Cèdres, à Tannourine, ou dans des musées. “Nous faisons des activités qui leur permettent de réduire le stress et de créer des relations solides entre elles. C’est aussi important que l’aspect économique”, selon le bénévole.

Dans le camp palestinien de Beddawi au nord de Tripoli, 17 réfugiées travaillent avec Tatreez. Dans l’atelier, sept femmes discutent et rient autour d’une table. Certaines cousent de la broderie sur des sacs ; d’autres s’occupent de leurs enfants. Dans cet atelier, les femmes ont entre 12 et 50 ans. Elles sont libres de travailler quand elles veulent. “Ici dans le camp, notre travail de broderie est apprécié. Certaines femmes veulent nous rejoindre mais nous sommes déjà beaucoup”, explique Lutfi Salem. L’argent qu’elles gagnent avec Tatreez ne leur permet pas de vivre mais elles peuvent aider leurs familles.

IMG_0468

Accompagnée de deux enfants, Zeinab Kassem aime venir travailler à l’atelier. “Je préfère travailler ici plutôt que chez moi parce qu’ici il y a mes amies. Avant, je travaillais seule chez moi mais depuis que je travaille à l’atelier, je suis plus heureuse. C’est mieux pour moi ici, mon travail est reconnu et apprécié.”

IMG_0437
Zeinab Kassem

Lina Chatle, une jeune Palestinienne, partage cette opinion. “Depuis que je suis petite, j’aime faire de la broderie. Quand je me suis mariée, mon mari m’a interdit d’en faire pour que je m’occupe des enfants. Maintenant, mes enfants sont grands. Je peux faire de la broderie à nouveau. J’aime beaucoup partager et sauvegarder la tradition de la broderie palestinienne”.

IMG_0442
Lina Chatle

Ayman Mhanna, une voix pour la liberté de la presse au Liban

Le directeur du Centre SKeyes, fondé à l’initiative de la Fondation Samir Kassir, un journaliste et historien libanais assassiné en 2005, dresse pour LPJ Beyrouth un bilan de la liberté de la presse au Liban en 2018.

Ces derniers mois, le Liban a connu une recrudescence des arrestations et des actions en justice contre les citoyens et les journalistes. Dernier d’une longue liste, le journaliste Fida’ Itani a été condamné par coutumace, en l’absence de l’accusé, à quatre mois de prison et une amende pour diffamation à l’encontre du ministre sortant des Affaires étrangères, Gebran Bassil. D’autres poursuites judiciaires ont été menées contre Marcel Ghanem, présentateur télé vedette, pour avoir reçu deux journalistes saoudiens critiques envers les autorités libanaises.

Pour M. Mhanna, ces peines de prisons constituent des outils de pression. Les instruments de pression pour les journalistes sont légion : harcèlement, diffamation, interpellation et condamnation. Les journalistes sont poussés à une forme d’autocensure sur certains thèmes sensibles. « Il existe une ligne à ne pas dépasser […] au sujet du degré d’information » selon le directeur du Centre SKeyes. 

De nombreux médias libanais sont liés aux partis politiques. « La presse libanaise est possédée par des partis et des hommes politiques qui veulent établir une situation sous contrôle. Cela constitue un premier frein à la liberté d’expression des journalistes », selon Ayman Mhanna.

Il pointe également la législation en la matière. Le code pénal libanais considère la diffamation, la calomnie ou encore la diffusion de fausses informations comme des infractions graves. « Les juges sont sensibles au climat politique et statuent de façon à ne pas déplaire aux responsables politiques », explique le directeur de SKeyes. 

Au Liban, les journalistes peuvent être poursuivis devant le tribunal des imprimés, qui les condamne le plus souvent à payer des amendes. Pour M. Mhanna, ce tribunal est « une protection » car « il ne prononce pas de peines de prisons contre les journalistes, contrairement à d’autres instances juridiques ».

Ayman Mhanna refuse de se satisfaire d’une comparaison flatteuse par rapport aux pays voisins. « Ce n’est pas parce que les gens ne sont pas jetés en prison comme en Turquie ou en Egypte, voire assassinés comme en Syrie, que l’on doit accepter les pressions qui existent au Liban ».

Lien vers l’article pour Le Petit Journal Beyrouth

Sit-in en faveur de la liberté d’expression à Beyrouth

Des centaines de personnes se sont rassemblées mardi place Samir Kassir, dans le centre-ville de Beyrouth pour défendre la liberté d’expression au Liban après de multiples interpellations dans le pays.

 

37851604_1034013126761499_4167792695890149376_n

Ces derniers mois, l’Etat libanais a interpelé plusieurs personnes en raison de leurs opinions politiques, notamment exprimées sur les réseaux sociaux. “Depuis quelques mois, il me semble que l’Etat libanais se rapproche de plus en plus d’un Etat policier.” assène Mazen Abou Hamdam, un jeune manifestant. « Les réseaux sociaux étaient notre seul refuge. Aujourd’hui, des personnes sont menacées et arrêtées pour des statuts Facebook, c’est ridicule”. Quelques jours avant, Elie Khoury, présent à la manifestation, a été arrêté pour avoir apostrophé sur Facebook le président Michel Aoun, appelant le chef de l’Etat à lutter contre la corruption, particulièrement au sein de son entourage.
37701992_1034013086761503_9129652414482219008_n

“ Ce qui est choquant, c’est que toute forme de critiques contre le président et sa famille conduit à des convocations”, déplore Ayman Mhanna, directeur du Centre SKeyes pour la défense de la liberté d’expression et organisateur du sit-in. Il dresse un bilan alarmant. “La situation de la liberté d’expression au Liban est en nette détérioration depuis quelques années particulièrement depuis fin 2016. L’entente politique qui a accompagné l’élection de Michel Aoun à la tête de l’Etat a rendu les critiques difficiles.” Selon M. Mhanna, les différents partis politiques souhaitent contrôler et dissimuler toute critique sur les responsables politiques. Cela se traduit donc par une recrudescence des arrestations et des actions en justice. 
37725208_1034012770094868_1266553364162805760_n

Pour Ayman Mhanna, le conservatisme libanais gagne du terrain et condamne toute critique notamment des religions. Le cas de Charbel Khoury est un exemple : il a été violenté et interpellé pour avoir ironisé sur saint Charbel, saint patron du Liban. Tracy Chahwan, membre du collectif d’artiste Samandal, témoigne. “Mon collectif notamment a été censuré par un média chrétien […] la religion a beaucoup de pouvoir”, dénonçant l’emprise de certains dignitaires religieux sur la liberté d’expression.
37803617_1034013143428164_5541317645103529984_n

Une jeune manifestante, Rawan Taha, conclut : “La liberté d’expression existe au Liban plus que dans les autres pays arabes mais nous avons encore un long chemin à parcourir.”

Lien vers l’article pour Le Petit Journal Beyrouth

Campji, un média fait par et pour les réfugiés au Liban

Basée à Beyrouth, cette plate-forme dresse les portraits et les histoires des habitants des camps de réfugiés au Liban. Les reporters sont des réfugiés palestiniens ou syriens qui habitent et travaillent dans les camps de Chatila, dans la capitale, et de la Békaa.
37641105_1030062023823276_8386143144038629376_n

A Beyrouth, Fatima Alhaji, une jeune journaliste, revient d’un reportage. Ils sont en tout sept reporters, tous réfugiés de nationalité syrienne ou palestinienne. Ils vivent dans les camps ou aux alentours. Ils sont étudiants, pâtissiers ou mécaniciens.
« Ce sont des professionnels », affirme leur manager, la productrice Lara Abou Saifan, indiquant qu’ils sont payés pour chaque reportage. “Ils savent tous écrire, filmer et monter un reportage”, ajoute-t-elle. Les reporters réalisent des portraits et racontent les histoires des réfugiés dans les camps pour ensuite les poster sur leur page Facebook ou YouTube.

37599857_1030054570490688_8988788284721201152_n
Lara Abou Saifan, manager et productrice

Installés dans des locaux modernes, le média Campji, qui signifie « habitant du camp » en arabe, est créé en novembre 2016 par Nasir Al-Jazairi, chargé de projet au sein de la Deutsche Welle Akademie, une filiale de la chaîne internationale d’information allemande spécialisée dans le développement de médias internationaux. “Ils ont voulu créer une plateforme au Liban pour les réfugiés, un espace de dialogue pour et par les réfugiés des camps”, explique Mme Abou Saifan. Les reporters sont formés et travaillent pour Campji. Le média évolue et s’agrandit au fil des mois. Campji est “la voix des réfugiés au Liban dans les camps et en dehors”, résume-t-elle.
L’équipe de Campji témoigne des évènements, de l’actualité et de la vie des camps de réfugiés au Liban. Il s’agit pour elle d’“exprimer leurs voix, leurs préoccupations, leurs joies, leurs soucis et leurs besoins”. Les reporters veulent déconstruire les préjugés. « Les camps ne sont pas seulement des endroits dangereux. Ce sont des lieux où des personnes vivent, s’aiment, étudient et travaillent”, affirme la productrice. 

 

37565414_1030052367157575_5428256646830751744_n
Jeune reporter, Fatima Alhaji, monte son reportage

Lien vers l’article du Petit Journal Beyrouth.