L’école pour les enfants réfugiés avec INSAN

INSAN est une association qui vient en aide aux enfants de réfugiés et de migrants au Liban. Grâce à son école, les enfants vulnérables bénéficient d’une éducation adaptée à leur besoin. Cet établissement singulier nous a ouvert ses portes.

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INSAN a été créé en 1998 par un groupe d’activistes proches d’Amnesty International au Liban. « Au début, INSAN vient d’une idée folle. Avec la guerre au Liban, les droits de l’Homme étaient oubliés. Aujourd’hui encore, on poursuit le même but : l’accès pour tous aux droits à l’éducation, à la protection, sur les champs social et psychologique », explique Maria Salmé, coordinatrice générale de l’association.

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INSAN organise des écoles d’été pour les enfants de réfugiés qui n’ont pas accès à l’éducation en raison de leur situation irrégulière. Randa Dirani, directrice des relations publiques, met en lumière les difficultés d’accès à l’éducation pour cette population. « Au Liban, au fil des guerres successives, il y a beaucoup de jeunes réfugiés qui se situent en dehors du système scolaire libanais. Les enfants sont venus avec leurs parents réfugiés, de passage au Liban en attendant un pays d’accueil stable et permanent. Nous avons pensé que l’école d’été ne devait jamais s’arrêter et même évoluer ».

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En 2004, l’association décide de créer une école permanente à l’année pour les enfants réfugiés âgés de 3 à 17 ans. L’association créé un programme spécial de remise à niveau allant de 1 à 3 ans selon la capacité et l’âge des enfants. Par la suite, le but est d’intégrer les écoles libanaises. Chaque année, entre 50 et 70 enfants bénéficient de cette éducation adaptée, dans des petites classes pour un suivi personnalisé.

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Les enfants étudient l’anglais, l’arabe et le français. Ils chantent avec joie des chansons dans ces trois langues. Ils bénéficient d’une éducation complète en étudiant en parallèle les mathématiques, les sciences et l’informatique. Pour pouvoir s’exprimer, ils font des activités artistiques et sportives. Leurs œuvres sont d’ailleurs accrochées partout dans les locaux d’INSAN. « On leur fait sentir qu’ils sont dans une vraie école, comme tous les enfants du monde », soutient Mme Salmé.

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La protection et l’accompagnement des enfants sont au centre des préoccupations de l’ONG. INSAN possède un foyer pour les enfants à risques, un refuge temporaire lorsque qu’ils n’ont plus de parents qui peuvent s’occuper d’eux. Les services de protection d’INSAN proposent une aide d’assistance sociale, psychologique et juridique pour les enfants et les parents. « Une équipe de l’association se rend trois fois par semaine dans cinq camps de réfugiés syriens dans la Bekaa. Ils font du porte à porte pour connaître leurs besoins et proposer une aide psychologique et sociale pour les réfugiés. Nous travaillons avec les enfants mais aussi avec les jeunes filles pour lutter contre le mariage forcé, la violence et les inégalités de genre », explique la coordinatrice générale.

 

Lien vers l’article pour Le Petit Journal Beyrouth.

L’égalité des genres, le combat d’ABAAD

L’association libanaise lutte pour l’égalité, l’autonomisation et la protection des femmes. La singularité de l’ONG est d’associer les hommes dans le combat contre les violences faites aux femmes.
Fondée en juin 2011, ABAAD est une association qui agit en faveur de l’égalité des sexes au Moyen-Orient, et plus particulièrement au Liban. Elle compte 138 employés travaillant sur le territoire libanais.

Anthony Keedi, responsable du pôle masculinité, travaille pour l’ONG depuis le début. “Lorsque ABAAD a été créé, il n’y avait même pas de loi décente pour protéger les victimes de violences domestiques. Il existait une loi selon laquelle quand une femme est violée, son agresseur peut se marier avec et échapper à la condamnation. Cette loi a été abrogée Il y a deux ans, notamment grâce à nos campagnes”.
Au Liban, une femme ne peut pas donner sa nationalité a son mari et ses enfants et souffre de discrimination sur le plan du statut personnel. M. Keedi dresse le bilan de la situation des femmes libanaises. “Quand certains regardent la situation des femmes au Liban, ils disent qu’elles jouissent d’une égalité avec les hommes mais le fait qu’elles ne soient pas forcées de se couvrir ou qu’elles travaillent ne signifie pas qu’il y a égalité. Les femmes sont toujours marginalisées en comparaison des hommes”. ABAAD souhaite promouvoir l’égalité des sexes dans les tous les domaines : social, économique, politique, culturel et éducatif dans la société libanaise.
“Les femmes ne sont pas faibles. On leur répète depuis leur naissance qu’elles doivent être faibles, silencieuses et rester à la maison. Notre travail d’émancipation est de défaire ce type de socialisation et d’idées”, explique M. Keedi.

Pour protéger les femmes et les filles victimes de violences sexistes, l’association a créé huit espaces protégés et sûrs dans tout le pays, allant du Nord au sud en passant par la Bekaa, Beyrouth et le Mont-Liban. Il existe notamment trois maisons d’hébergement d’urgence et sécurisées pour les victimes. Entre 2013 et 2015, l’ONG a accueilli dans ces maisons plus de 317 femmes.
Pour déconstruire ces stéréotypes, ABAAD fait de la prévention auprès des enfants et adolescents. Un bus de l’association parcourt les zones rurales pour discuter avec les enfants, les hommes et les femmes. “Ils parlent du mariage précoce des enfants, des violences envers les femmes et les enfants, ainsi que de la question des femmes et enfants abusés sexuellement”, raconte le responsable.
Une des particularités d’ABAAD est d’avoir un pôle « masculinité » consacré aux hommes. Le but est d’impliquer les hommes pour défendre l’égalité des sexes. Pour combattre la violence des hommes envers les femmes, l’association créée des espaces de discussion pour aider les hommes violents à parler et à changer de comportement. Le responsable du pôle masculinité expose la situation. “Les hommes ont été sociabilisés pour devenir violents, penser qu’ils sont supérieurs et ne pas montrer leurs émotions. Beaucoup d’organisations centrent leur travail sur les femmes mais ne travaillent pas avec les hommes. Il faut engager les hommes et les femmes pour atteindre une égalité des genres. Il faut aider les hommes à comprendre que si les règles dictant la conduite des femmes changent, il doit en être de même pour les hommes.”

 

Lien vers l’article pour Le Petit Journal Beyrouth.